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Sejour d'observation des aurores boreales en Laponie Finlandaise du 24 au 28 novembre 2024

Avant le sejour d'observation des aurores boreales en Laponie Finlandaise organisé par Cap Astro du 23 février au 2 mars 2025, mon fils Antoine et moi avons passé 5 jours/4 nuits à Enontekiö, à 68°5 de latitude (bien au-dessus du cercle arctique). Malgré une météo capricieuse, nous avons vécu des moments intenses, inoubliables.

A la période où nous sommes allés en Finlande, du 24 au 28 novembre 2024, la durée du jour était de seulement 2h30 (et autant pour le crépuscule / l’aurore).

Petit résumé…

 

Jour 1

 

Vol tranquille avec Easyjet.

À l’arrivée, un Soleil magnifique, très bas sur l’horizon, projetant de longues ombres des arbres et bâtiments.

Bagages récupérés rapidement, en moins de 10 minutes.

Beaucoup de concentration et de calme pour disposer de la voiture de location : le technicien de l’agence Alamo, peu soucieux de notre niveau d’anglais, parle très/trop rapidement et avec un accent compliqué à déchiffrer. Après la formalité du dépôt de garantie par carte bancaire, et la récupération des clés, direction le parking extérieur. Celui-ci est à 180m du hall : il faut trainer sa valise sur le sol enneigé, mais ce n’est pas vraiment un souci. La voiture est neuve, préchauffée, et la neige a été retirée. Pas d’état des lieux : l’agent ne nous a pas accompagné au parking, et n’a pas remis non plus de fiche sur laquelle annoter nos remarques sur d’éventuels soucis que nous aurions pu constater ; il faut dire que notre véhicule est neuf, avec à peine 600km au compteur.

Le réservoir est plein.

 

Séjour d'observation des aurore boréales en Laponie Finlandaise. Arrivée aéroport de Kittila


En quittant l’aéroport, nous nous rendons dans un supermarché de Kittila, à quelques kilomètres au sud, pour faire les courses essentielles (petits déjeuners, pique-niques…).

Puis repas à la station de ski de Levi, haut de gamme, dans laquelle il y a de nombreux commerces.

 

La route principale pour rejoindre Enontekiö est enneigée, mais très bien entretenue.

Le paysage est magnifique, avec par endroits des lacs gelés et des forêts de sapins. Au début, conduite prudente à 50 ou 60km/h, alors que la limitation est de 80km/h sur une grande partie du trajet.

 

Ces lignes droites, toutes blanches, bordées de bâtons rouges, donnent l’impression de rouler sur une piste de ski ! C’est une bien étrange sensation, assez amusante… En voyant les véhicules finlandais nous dépasser à vive allure, on se dit qu’on devrait peut-être aller plus vite, qu’on gêne 😊… les pneus sont de très bonne qualité, et finalement, nous roulons à 80km/h, à l’aise après une courte période d’adaptation pour dépasser l’appréhension du début. Ceci dit, par moments on sent une très courte perte d’adhérence, mais rien de sérieux car le système d’aide à la conduite du véhicule corrige automatiquement.

 




À Enontekiö, la station-service et le supermarché sont ouverts ; mais les restaurants sont fermés en cette période, et nous regrettons de ne pas avoir pu les tester. Pas de chance : l’office de tourisme est fermé durant notre séjour, en raison de rénovations, et les prestataires de loisirs ont pris leurs congés (pourtant leur site Internet ne l’indique pas). Dehors, il fait -10°c : le blouson est inutile ce jour-là.  

 

Le soir, nous enfilons les différentes couches de vêtements : 2 lycras + 1 polaire sous le blouson, un collant sous le pantalon de ski, 2 paires de chaussettes et les bottes chaudes. À -18°c la nuit, c’est suffisant. Les vêtements protègent bien du froid. D’ailleurs, durant tout le séjour, Antoine et moi n’avons pas eu froid au corps, ni aux jambes, ni à la tête, malgré 3 ou 4 heures passées en plein air. Il en a été de même lors de la dernière soirée durant laquelle la température est tout de même descendue à -27°c ! Merci Decathlon et ses chaussures S900, ses chaussettes et vêtements en Merinos ! Par contre, nous avons parfois souffert aux doigts des mains en retirant les gants pour prendre les photos : gaffe aux brûlures après quelques dizaines de secondes.

 

Pour cette première sortie nocturne, nous choisissons un parking isolé, à l’extérieur de la ville, pour être dans le noir et voir les plus faibles aurores. Nous étudions avant de partir les données du NOAA et des sondes spatiales solaires, ainsi que les prévisions météo locales : il est annoncé un indice d’intensité KP-2, ce qui signifie une activité aurorale malheureusement faible. Arrivés au moment supposé du passage de l’ovale auroral (1), à peine sortis du véhicule nous fixons le ciel et… tadaaaaa… les premières lueurs de la collision des particules solaires avec le champ magnétique de notre planète. Elles sont certes à peine discernables à ce moment-là, en raison d’une couche de brume, mais on les distingue facilement en photo avec quelques secondes de pose. Après une attente de quelques dizaines de minutes, la brume s’estompe par endroits, avec un ciel bien sombre et très pur : une zone particulièrement lumineuse attire notre attention sur la forêt, vers l’Est : des aurores rougeâtres, d’autres verdâtres. Nous en profitons pour prendre des photos depuis la route enneigée, empruntée la nuit par seulement 2 ou 3 véhicules par heure.

 

 

(1)     : Les aurores sont dues à des électrons qui se propagent à grande vitesse vers la Terre. Or ceux-ci se propagent, non pas en ligne droite, mais en suivant les lignes de champ magnétique. Les lignes de champ à basse latitude sont des boucles, qui rejoignent la Terre aux deux extrémités. Les lignes de champ qui tombent aux très hautes latitudes, c'est à dire près des pôles, ont une extrémité connectée à la Terre, et l'autre va se "perdre" dans l'espace interplanétaire. Pour des raisons pas évidentes à expliquer en deux mots, il se trouve que les électrons assez nombreux et assez rapides pour créer des aurores se trouvent sur les lignes de champ magnétique qui sont à la limite entre ces deux régions. Ce sont des lignes de champ qui, quand elles sont du côté "nuit" sont ouvertes (elles vont loin dans l'espace), et du coté "jour" se referment aux deux bouts sur la Terre. Et bien ces lignes de champ (dont au moins une extrémité est sur Terre) rejoignent la Terre dans une région en forme d'ovale, précisément l'ovale. Si cette région a une forme d'ovale, et non pas de cercle, c'est à cause d'une dissymétrie entre le coté jour et le coté nuit. Cette dissymétrie est due à l'action du vent solaire, qui joue un rôle capital dans le processus de création des aurores. L'épaisseur de l'ovale est généralement d'environ 10° de latitude et sa limite équatoriale descend généralement à environ 75° à 65° de latitude selon l’activité magnétique.


Antoine et Laurent Courier - Séjour en Laponie Finlandaise pour l'observation des aurores boréales

Jour 2

 

Après une bonne nuit au chaud, dans notre chalet doté d’une excellente isolation thermique, nous nous réveillons tardivement, en découvrant une couche de neige d’une trentaine de centimètres.

À l’heure du déjeuner, le ciel prend les couleurs d’un lever de Soleil ; il est très bas sur l’horizon. Le paysage est superbe, avec des manteaux blancs épais accrochés aux sapins.

 

Les routes sont dégagées, très bien entretenues ; plusieurs machines se croisent sur la route principale durant une bonne partie de la journée. Après une visite du village, et une marche sur le lac gelé, nous partons en Norvège, et passons la frontière après 45min de route, devant des bâtiments officiels sans rencontrer ni douaniers ni policiers.

L’horizon Ouest prend déjà des couleurs rouges très vives au moment du coucher du Soleil, aux alentours de 13h45 ! Le cerveau se met en mode « Error » : le déjeuner à peine pris, le ciel est envahi de la lueur crépusculaire.

 



   

Le soir, après étude des prévisions météo et l’estimation du déplacement de l’ovale aurorale, retour sur le même site que la veille. À nouveau, les aurores s’offrent à nos yeux émerveillés : faibles en intensité, elles sont toutefois bien plus grandes et rapides ; des « nuages » se déplacent à vue d’œil au-dessus de notre tête. Seule la photo permet de mettre en évidence les couleurs : les yeux voient du gris, devenant parfois verdâtre.

 



 

Jour 3

 

Objectif : se rendre en Suède. Il neige par moments. La route qui mène à la frontière est plus tortueuse que celle qui relie Kittila à Enontekiö, ou celle qui rejoint la Norvège. Du coup, conduite plus lente, surtout au moment de croiser de gros camions qui soulèvent un nuage de poudreuse durant plusieurs secondes ; on s’y fait vite.

Sur le ton de l’humour, j’annonce à Antoine que j’ai sollicité, en haut lieu, que des rennes soient visibles durant le trajet : à peine 15min plus tard, je perçois en vision périphérique, en conduisant, quelque chose bouger en bordure de forêt : je m’arrête et fais demi-tour sur quelques centaines de mètres… 4 rennes sauvages paisibles se tiennent devant moi ; je cherche où se cache un vieil homme habillé de rouge et de blanc, avec son traineau 😊 Juste le temps de sortir le téléobjectif, et ils commencent à partir vers l’intérieur de la forêt : le renne n’aime visiblement pas être pris en photo… surement des questions de droit à l’image imposés par la compagnie du Père Noël (établi en Finlande, à Rovaniemi).

 



 

Antoine et moi ne regrettons pas d’être allés à la frontière avec la Suède : des lacs gelés splendides, des maisons et des Yourtes typiques par endroits sur le bord de la route. Pour entrer en Suède, il faut passer un pont qui sépare les deux pays à Karesuando. Pas de poste de douane. De l’autre côté, une belle église en bois trône sur une petite colline.

Sur notre parcours, vers le lac de Mertajärvi à une vingtaine de kilomètres de la frontière, les maisons sont différentes, plus colorées et de grand standing. Après un pique-nique au crépuscule, vers 15h, nous faisons le plein du véhicule à une station suédoise : le carburanty est 40 centimes / litre moins cher qu’en Finlande ! Nous rentrons enchantés par notre sortie, pour préparer la prochaine nuit d’observation des aurores qui, à priori, ne s’annonce pas bien intéressante si on se fie aux sites spécialisés. Notre analyse des données recueillies nous permet d’en douter, car Enontekiö semble pourtant bien placé par rapport au mouvement de l’ovale auroral, et « Space Weather Live » rapporte des éruptions solaires sur les 2 jours précédents.

 



 

Après 20min de route en direction de la Norvège, nous stationnons sur un parking. Des camions passent de temps en temps, dans les 2 sens, soulevant la neige pendant quelques minutes, accentuant la sensation de froid sur le visage. Les premières photos montrent au premier plan des fils électriques entre des poteaux : pas bien joli ; alors nous décidons de traverser la route et de marcher dans la neige épaisse en dépassant la ligne électrique pour avoir un champ de vision dégagé.

 

Le spectacle est MAGNIFIQUE ! Les aurores sont plus grandes que la veille, avec des trainées verticales et colorées… L’appareil photo Sony A7S-2 se régale… mais après 1 heure, c’est le drame … L’objectif se bloque, la mise au point manuelle devient impossible ; la puce électronique annonce un message d’erreur sur la batterie. C’était prévisible, et prévu même, car les APN ne sont pas conçus pour travailler par un froid si extrême. L’appareil est ramené de temps en temps à la voiture pour le réchauffer, le « ressusciter » en douceur ; et aussi pour nous restaurer (le froid donne faim). Après une quinzaine de minutes, miracle : il fonctionne à nouveau…un certain temps, trop court. En entourant le boitier avec une résistance chauffante, reliée à une petite batterie externe placée dans le blouson, il fonctionne encore un peu, alors que la température extérieure est de -24°c.

Le spectacle dans le ciel est incessant : les aurores bougent rapidement : on perçoit bien le vert, le rouge et le jaune.

Après 2h d’émerveillement, l’activité aurorale baisse significativement… la partie dense de l’ovale semble partie en direction de l’Islande… du moins, c’est ce que nous croyons…

 



 

De retour au chalet, nous nous restaurons, avant de nous coucher. Mais Antoine sort pour vapoter quelques minutes, puis rendre en criant : « Viens tout de suite dehors, viteeeee… c’est FANTASTIQUE !! ». Alors j’enfile des chaussures (pas les plus chaudes), en oubliant de prendre le blouson et le pantalon de ski : juste en Jean, avec un simple polaire sur le corps. Là, je sens qu’il fait très froid, mais je me réchauffe en admirant des aurores sublimes à ma verticale !! Les couleurs sont nettement visibles à l’œil nu. Des trainées partout, des nuées qui bougent vite, des zones lumineuses qui dansent comme la flamme d’un feu… la neige au sol qui devient verte ! On croit rêver.

Je résiste au froid pendant 30min avec ma tenue légère, et je rentre au chalet… Congelé par -25°c, mais heureux.

Moralité : ne jamais se coucher ? 😊 

La fatigue nous gagne, et le dodo est plus fort.

  



Ci-dessus : photo de gauche prise au Sony A7S-2 - photo de droite prise au téléphone portable Samsung A25

 

Jour 4

 

Une grasse matinée bien méritée. Repos et balade dans les environs, notamment en pleine nuit dans la forêt. Au retour, sauna dans le chalet.

 

A la préparation de la soirée, nous sommes convaincus que l’essentiel de l’éjection de masse coronale de ces 2 derniers jours va frapper le champ magnétique terrestre durant la nuit.

Les données météo des principaux sites spécialisés sont contradictoires, avec une forte probabilité de large couverture nuageuse durant la nuit, et de chutes de neige.

 

Pas démoralisés, mais inquiets, nous partons sans attendre pour nous rapprocher au plus vite de la frontière norvégienne, après avoir analysé une image satellite environ 1 heure avant le passage de la zone la plus épaisse de l’ovale aurorale.

De grosses bandes de nuages sont dépassées après une trentaine de minutes de route. Nous nous arrêtons sur un parking, et… tadaaaaaaaaaaaaa … des aurores partout, intenses, de toutes formes ! Photos, photos, puis encore des photosssss.



Aurores boreales en Laponie Finlandaise - Photo Laurent Courier - Séjour Cap Astro


Mais les nuages arrivent lentement par l’autre sens : il faut optimiser la séance visuelle et photo. Nous prenons la voiture pour rejoindre le parking de la veille : ET LÀ, C’EST LE CHOC !! Des aurores ENORMES, plus intenses que les jours précédents, qui emplissent presque tout le ciel, mouvantes et colorées. De quoi attraper un torticolis, car on ne sait plus où regarder. Certaines ressemblent à des lasers, des jets de matières comme si des extraterrestres s’amusaient à tirer dans notre direction 👽

Les prévisions officielles n’étaient pas fiables : nous avons bien fait de suivre notre instinct. Une émotion nous envahie, et des cris sortent de nos bouches gelées. Et bien sûr, comme la température était de -27°c, l’APN Sony A7S-2 est tombé en panne, au moment le plus important… comme par hasard 😊 Mais Antoine dégaine son téléphone portable, souffre en l’installant sans gants sur l’adaptateur spécial fixé au trépied photo, et prend une série d’images, « à l’arrache »… il réalise de superbes clichés, et console ma détresse de ne pas pouvoir filmer ce moment avec mon matériel. Pourtant, son téléphone indiquait aussi des messages d’erreur liés à la température, mais nous avions eu la bonne idée de le ramener de temps en temps à la voiture pour qu’il se « réchauffe », et de le placer dans une poche du blouson.

Après 1h de liesse, les nuages envahissent le ciel, et nous repartons avec le sourire scotché à la bouche pendant un long moment (ou peut-être était-ce le froid).

 


Ci-dessus et ci-dessous : photos prises au téléphone portable Honor Pro

Photo prise avec le téléphone portable Honor Pro -Aurores boréales à la verticale - Enontekio, Finlande - Photo Antoine Courier avec un smartphone


Jour 5

 

Le départ. Le trajet est différent de celui de l’aller, passant à travers le parc national de Pallas. Des paysages sublimes sous les couleurs du crépusculaires, avec des petites montagnes, des forêts majestueuses, quelques rares chalets, des lacs gelés.

 

 


 

Après un repas pris à la station de ski de Levi, nous achetons des souvenir pour nos proches : le commerçant nous offre un excellent vin chaud, et un gâteau local.

À l’aéroport, il est annoncé 1h30 de retard : nous en profitons pour prendre un café et acheter d’autres souvenirs, notamment un rhum Finlandais. Une fois installés dans l’avion, un véhicule spécial vient projeter un produit sur les ailes, en raison du givrage des ailes. Une petite prière 😊 et hop, nous voici dans les airs.

 

 

Récit : Laurent Courier – Photos : Antoine et Laurent Courier – Cap Astro

Séjour observation des aurores boreales en Laponie Finlandaise

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